Grand Balan, par Christiane Taubira
Paru le 10/09/2020 / Editions Plon / 480 pages
» Le monsieur à toge et épitoge a déjà tourné les talons. Il semble à sec sur le contenu, alors il pallie par le ton. Il interroge à la mitraillette. Il veut du oui ou du non, pas un roman. Lui, Kerma, a envie d’expliquer : Non, on ne vit pas tout un mois avec mille cent trente-six euros. Dès le dix-huit du mois, oui, on a besoin, et presque chaque jour, de ces quinze euros. L’essence, l’assurance, la nourriture, rester correctement vêtu et chaussé, après avoir payé le loyer l’eau l’électricité la taxe d’habitation la redevance télé les abonnements de sport de portable de streaming, OK ce n’est pas indispensable, mais à vingt et un ans… Les mensonges sont faits pour vous sauver. Ceux de bonne foi sont les pires. À tous les coups, ils vous coulent. «
Des mères courage, des » gens de peu » et de beaucoup, des éducateurs engagés, des jeunes en quête d’une vie meilleure – au point de risquer des années de prison pour quinze euros –, mais aussi des carnavals, des fonctionnaires détachés quelque peu décalés, des éloignés du Surinam, des rodéos nocturnes, des palabreurs et beaux conteurs…
Le premier roman de Christiane Taubira dévoile, avec une verve éblouissante d’humanité, les coutumes, les joies, les errances, les colères comme les miracles de cette terre qu’elle connaît bien et aime tant : la Guyane. Un livre qui donne à rêver, sourire, pleurer autant qu’à réfléchir.